Plus que toute autre région de l'Algérie, l'Oranie a été profondément marquée par la vigne dans ses paysages naturels, son peuplement, ses structures sociales, son système urbain et dans ses modes d'expression politique et culturelle.
Attestée de très longue date dans la région, cette culture a connu sous la colonisation une très notable expansion, au point de lui donner, selon les mots du géographe Hildebert Isnard (1904-1983), l'allure d'une « province française ». La commune d'Aïn Témouchent, principal bassin viticole de l'Algérie coloniale, présentait dans les années 1950 l'une des densités européennes les plus fortes du pays. Plus de 200 caves furent recensées dans cette seule région.
En 1930, le vignoble occupait 3 744 hectares ; en 1935 les superficies s’élevaient à 4 326 hectares pour atteindre en 1940, 4 727 hectares. En 1953, la commune d’Aïn Temouchent s’agrandit et les terres plantées en vignes couvrent 6 149 hectares qui sont la propriété de 132 récoltants. La production s’élevait à 357.082 hectolitres de vin.
Cave Calmels et Frères 1956. El Amria . ex Lourmel.
Les vestiges archéologiques et les textes historiques livrent peu de connaissances sur la culture de la vigne dans l'Oranie des temps anciens. On sait que la variété « Ahmar bou Amar » était connue par les Berbères et que la culture de la vigne était pratiquée dans les comptoirs phéniciens de Siga et Rachgoun, sur la côte témouchentoise.
Ahmar Bou Amar
Des traces de la culture de la vigne par les Romains ont également été découvertes à Portus Magnus (aujourd'hui Béthioua) et Ghazaouet. Les géographes arabes des X e et XI e siècles ont signalé en leur temps sa culture dans des régions de Tlemcen et dans la vallée du Chélif. Au XVIII e siècle, le rapport de l'Espagnol Aramburu mentionne la présence des vignes à Mostaganem.
En 1830, les vignes ne couvraient en Algérie que quelque 2 000 ha, concentrés essentiellement dans l'Oranie, dans les jardins des villes, leur périphérie et dans les montagnes de Mascara, de Mostaganem et du Dahra…
Sources : La viticulture oranaise, au cœur de l'économie coloniale Par Omar Bessaoud